Saison 2018 Partie 2 – Gatineau, Canadiens, BC Superweek

Grand Prix de Gatineau

De retour au Québec à la mi-mai après plus de 5 mois sur la route, je n’étais pas triste d’avoir manqué la neige!

Début juin, le Grand Prix de Gatineau aura été mon premier projet avec l’équipe nationale. J’étais très honorée d’avoir la chance de courir en portant le maillot du Canada, un objectif de longue date enfin atteint.

Le support de Kevin Field, notre directeur pour la course, a fait une énorme différence pour moi qui n’a pas l’habitude d’avoir de l’aide (étant coureuse indépendante). La veille de la course, Kevin nous guide dans son analyse tellement détaillée et approfondie que c’est à se demander comment j’ai pu courir sans directeur les 5 dernières années !

Il nous avait demandé d’être bien positionnées à l’approche de la première bosse car il pourrait y avoir une attaque décisive (contrairement aux années passées où ça s’est toujours terminé au sprint.) Et boooooom, c’est parti dans la bosse! J’étais à l’avant et réussi à m’accrocher au groupe de tête maintenant réduit à une douzaine de coureuses. J’ai fait mon meilleur 5 minutes (watts) de l’année sur cette section. Si j’avais été 20 positions derrière, je n’aurais peut-être jamais revu le devant de la course! C’est ça la différence, quand tu as un directeur d’expérience pour te guider. Wow. Je termine 6e, mon meilleur résultat à Gatineau et sur une course UCI 1.1.

Chrono de Gatineau

Le lendemain au contre-la-montre, je surprends quelques-uns en terminant 10e, un autre top-10 dans une course UCI 1.1. Pour ma part, secrètement je n’étais pas si surprise. Je crois que la grosse différence depuis 2017, c’était sans aucun doute mon nouveau vélo : le E-118 de Argon18. This bike flies!

Chrono de Gatineau TT UCI 1.1 2018

Camp d’entrainement à Bromont

À la mi-juin, j’ai eu la chance de participer à un camp d’entraînement sur route, une intiative de B2Ten et de mon coach Chris Rozdilsky. Le but était de rassembler plusieurs coureuses du pays et de créer un environnement d’entrainement stimulant pour mieux nous préparer aux championnats canadiens sur route qui allait venir.

Le CNCB nous a hébergé, le mécano de l’équipe Rally nous a donné un coup de main, un masso est venu passé la semaine avec nous et Chris conduisait le scooter lors des sorties pour gérer les efforts. C’était trop cool! Ça a été un succès unanime. Malgré le fait que nous étions toutes compétitrices lors des courses, pendant le camp c’était comme si nous formions une équipe, une équipe de canadiennes ! Le camp a certainement permis de développer une culture d’entraide entre nous. À refaire!

Camp d’entrainement à Bromont. Photo par Lex Albrecht

Championnats canadiens sur route, où tout est allé tout croche

Contre-la-montre

6 jours avant le début de la compétition, je découvre une fissure assez importante dans le guidon de mon vélo de contre-la-montre. Aucune idée ce qui a pu arriver, mais impossible que je le roule, il pourrait bien casser à tout moment. J’appelle Fabien chez Gervais-Rioux, il m’arrange un guidon de remplacement subito-presto à être livré directement au Saguenay pour sauver du temps.

Le guidon arrive à temps mais je dois passer la journée dans un bike shop la veille de la course, à tout démonter et remonter le vélo. (Il va bin vite le E-118, mais les fils ils passent serrés en TA!) Pas exactement la préparation que j’avais planifié. (Un gigantesque merci à Patrick, le propriétaire de la boutique qui a passé la journée avec moi tout bonnement comme ça pour m’aider ! Ils ont beaucoup de cœur les gens du Saguenay. ;))

Le matin du contre-la-montre, je suis prête, je connais mon vélo et le parcours est simple, tout ira bien. 5 minutes après m’être lancée, une de mes barres commence à descendre. On a dû mal visser une des vis en voulant aller trop vite. Si c’était juste ça…. Mais là, la barre continue de descendre et vient s’appuyer sur l’autre barre, en se coinçant directement contre le bouton pour shifter (Di2), le bouton maintenu enfoncé. Mon dérailleur se met à galérer, incapable de sortir du 54-11, en plein milieu d’une montée ! Il m’a fallu quelques secondes pour penser à utiliser le petit plateau avec l’autre manette sur le côté, mais j’ai tout perdu ma vitesse. Plus tard, durant la descente je réussis à pousser la barre vers le bas pour débloquer le bouton mais je termine mon contre-la-montre avec seulement une barre aéro et demi, en 9e place! Ouf, j’ai sauvé les meubles, mais j’étais très déçue.

Course sur route

Mon vélo de route ne shiftait pas trop bien lui non plus, une fois que j’eu mis mes roues de courses. Quand tu es indépendante, tu t’arranges comme tu peux. J’aurais dû retourner à la boutique, mais je ne l’ai pas fait. J’ai sous-estimé le problème.

2 minutes à peine après le départ, au bas d’une bosse assez apique, je shift pour descendre ma chaîne sur ma dernière vitesse mais la chaîne vient se coincer entre la cassette et la roue. J’arrête d’un coup sec, débarque du vélo, décoince la chaîne et remonte, rattrape immédiatement le peloton.

J’essaie d’ignorer l’incident mais il y a clairement quelque chose qui cloche avec mon dérailleur car je passe près de sortir ma chaîne de nouveau le tour suivant. J’essaie de shifter hyper délicatement et à l’avance, je n’irai plus sur la 28-dents pour être certaine les tours suivants (et il en reste 6 autres tours). Chaque tour au lieu de « puncher » la bosse aggressivement, je perds mon momentum avant tout le monde, et chaque tour je me retrouve à la chasse de quelques mètres. Ça me fâche! Je rattrape le petit groupe de tête chaque fois (de moins en moins nombreux).

Au 6e tour je crois, je suis tellement dans le rouge que je ne vois pas la bordure de trottoir que je frôle de trop près. Je roule seule, les yeux rivés sur le petit groupe de filles 20 mètres devant, quand je chavire sur le trottoir! Je suis tombée toute seule en roulant en ligne droite… j’ai encore du mal à y croire. En 5 secondes j’étais de retour sur mon vélo. Mais les dommages de la course commençaient vraiment à se faire sentir. Je suis revenue sur le groupe.  Plusieurs attaques sont parties dans les 2 dernier tours, puis 2 filles ont réussi à s’échapper, tout le monde s’est regardé un instant de trop et ç’en était fait des championnats canadiens.

Ma seule chute de la saison, en roulant seule dans le trottoir pendant la course la plus importante de l’année. Eh bin.

Je termine 7e. C’est pas si mal, mais j’étais très déçue encore, j’avais clairement de plus grandes attentes pour ce parcours qui m’allait bien et pour lequel j’étais tellement préparée. Je repense à tous les entraînements du printemps et des dernières semaines avant les championnats. Tout ça pour une 7e place. Cette course marquait la fin de mes objectifs pour ma saison de route. C’était comme si c’était fini. J’étais épuisée.

Prochain arrêt, Vancouver pour la série de courses BC Superweek.

BC Superweek

Début juillet, je pars pour BC Superweek, ce sera la 5e année que j’y vais! Au Tour de Delta, je termine 8e dans un sprint chaotique. Je suis vraiment contente de récolter un autre top-10 dans une course UCI! Pas si mal comme saison!

Gastown Grand Prix, Holy s***

Le critérium tant attendu de l’année, mon préféré : le Grand Prix de Gastown, avec 25 000$ en bourse et plusieurs primes en argent supplémentaires. J’adore cette course, le parcours est difficile et la foule est immense (et bruyante!), sans compter les nombreuses personnes qui regarderont la course en ligne sur internet (dont ma famille). Par contre, il y a un virage qui me donne toujours du fil à retordre. Chaque année je perds des positions importantes dans ce virage au dernier tour . Cette année je serai plus stratégique, je courrai pour les primes, je profiterai des opportunités pour aller chercher la plus grosse somme possible, quitte à sacrifier mon résultat à l’arrivée.

La course commence dans le tapis, je ne perds pas de temps à me placer vers l’avant, prête pour la chasse aux primes. À 10 minutes dans la course, je vais chercher une prime de 200$, je prends confiance. (L’annonceur annonce au micro le montant de la prime pour la prochaine qui passera la ligne d’arrivée, ce qui sert à animer la course et faire plaisir aux spectateurs (et aux coureuses !) Il annoncera une dizaine ou quinzaine de primes pendant la course)

Les attaques sont sans relâche. Aussitôt une attaque lancée, aussitôt la chasse lancée, puis la contre-attaque. C’est tellement by-the-book qu’après seulement quelques tours j’ai compris le pattern et la stratégie des équipes (très aggressive), j’anticipe déjà qui s’apprête à faire quoi. En ajustant mon timing sur leur mouvement, j’arrive à « surfer » à l’avant du peloton. C’est comme si j’étais toujours 1 seconde à l’avance, comme au hockey quand tu te trouves où la rondelle sera. Elles sont en train de s’arracher la gueule et je suis même pas dans le rouge. Je suis même étrangement calme et en contrôle. Je réalise que j’ai peut-être une chance dans le sprint final. Changement de plan! J’irai pour le podium, le tout pour le tout, tant pis pour les primes!

Je me concentre à être le plus efficace possible à chaque tour, à chaque virage. Mon excellente forme me permet de voir clair. À chaque virage que je prends à l’avant du peloton, c’est comme si je prenais possession de ma position à l’avant, c’est MA position. Je me souviens être remonté à l’approche d’un virage, ne montrant aucune hésitation, c’est les autres ont mis les freins et c’est moi qui a passé. En sortant du virage je me suis demandé si ça venait bel et bien de se passer. C’est fou comme ça fait une différence le langage corporel et la confiance dans un peloton! C’est le genre de chose qui peut arriver plus facilement dans une course locale, mais là c’est pas une course locale, c’est le Grand Prix de Gastown!!!

Pendant les 40 dernières minutes de la course je demeure ultra concentrée sur mon objectif d’être efficace, d’anticiper, de rester patiente, et de forcer les autres à faire le travail. Puis le dernier tour sonne, je prends le virage qui ne me fait plus peur du tout en 4e position, entame le plus long sprint ever et termine 3e. Sur le podium à Gastown.

Après la course, mon téléphone a littéralement explosé de notifications et de messages, mais il y en a un qui m’a particulièrement fait plaisir, celui de mon coach Chris : « Holyshit! ». Toute l’année Chris a toujours commenté « good ride », « it was a good ride », « good ride ». À Gastown, j’ai eu droit à un « Holyshit! ». Ce message fût un highlight de ma saison! Ce qui m’a marqué surtout de cette course, c’est la confiance, la facilité, le calme, la clareté que j’avais. Il aurait pu arriver n’importe quoi, la chance a peut-être tourné de mon côté, mais l’état d’esprit et la façon dont j’ai couru, ça c’était quelque chose dont je souhaite me souvenir et pouvoir répéter.

Je termine BC Superweek avec une pas pire récolte en primes et en bourse au total. Je retournerai au Québec en direction de Bromont pour le dernier gros chapitre de la saison.

Lire la suite de l’histoire dans la partie 3 ici!

(ou retournez au début de l’histoire dans la partie 1 ici!)

Gastown Grand Prix 2018
Marie-Soleil Blais

Marie-Soleil Blais

Bike Racer & Adventurer

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